Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/31

Cette page n’a pas encore été corrigée

recevoir ma fille à son entrée dans la vie, si elle devait sitôt la livrer à la mort !… Accueil décevant, que tu coûtes de larmes à celle qui avait pris ton sourire pour un pronostic de longue existence pour son enfant !… Mais, hélas ! devais-je me laisser surprendre à ce sourire trompeur ? ne savais-je pas que la rose qui naît le matin d’un beau jour ne voit pas le soleil du lendemain, et que le parfum que ses feuilles répandent en s’envolant atteste seul son passage sur cette terre ?… Puissent les feuilles qu’Élisa Mercœur parfuma de son génie devenir pour elle d’immortelles pages, et faire regretter qu’elle ait si peu vécu pour la littérature comme pour sa mère et pour ses amis !

Je ne dirai rien des deux premières années

    cendre, il n’avait pas été possible, quelque chose que l’on put me dire et quelles que fussent mes souffrances, de m’empêcher de m’y promener. Je crois que l’on m’aurait fait beaucoup de mal si l’on s’y était opposé. La vue des fleurs qui, la veille, n’étaient pas encore bien ouvertes et qui éclosaient devant moi, me paraissait un présage de bonheur pour l’être à qui j’allais donner la vie ; il me semblait que la nature ne se parait ainsi que pour fêter sa bienvenue, et que le ciel n’était aussi pur que parce que son âme serait pure comme lui… Enfin, ce ne fut que lorsque mes souffrances furent à leur dernier période que l’on me décida à me laisser conduire dans ma chambre. Deux heures après, Élisa Mercœur comptait au nombre des vivans !…