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À la voix de son Dieu, sortant d’un long sommeil,
Pour la première fois la terre à son réveil,
À la fin s’échappant du sein des nuits profondes,
Dans la route des cieux voyait briller les mondes.
Mais de l’homme au matin de la Création,
Le cœur ne s’entr’ouvrant à nulle émotion,
Froid et sans battement ne sentait point la flamme
De ce rayon sacré, ce pur soleil de l’âme,
De la pensée enfin. Calme comme la mort,
L’homme déjà créé n’existait pas encor.
Contemplant sans aimer la céleste harmonie,
Vainement à ses yeux tout riait à la vie.
La tige en vain penchait sous le doux poids des fleurs,
Tout était sans parfum, sans éclat, sans couleurs.
Mais celui qui, régnant dans la haute patrie,
Environné des jets de sa gloire infinie,
Les embrasant du feu de ses puissans regards,
De l’ombre fit jaillir tous les mondes épars.
Dieu voulut achever son imparfaite image ;
Il voulut à son âme enseigner ce langage
Que l’ange peut entendre, et qu’aux divins concerts
Le séraphin soupire en chantant l’univers.
Sa main, pour enflammer cette argile mortelle,
D’un céleste flambeau détache une étincelle :
L’étincelle s’échappe et vient brûler son cœur.
Quel effet naît soudain de ce feu créateur !
La nuit est dissipée, il n’est plus de distance
Qui l’éloigné de Dieu : l’homme s’éveille !… Il pense !…