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 « Repasse, en rappelant les heures de sa vie,
« Ses peines, son bonheur et chaque émotion.

« Le malheureux éprouve un besoin de silence ;
« Il faut qu’en liberté puisse battre son cœur ;
« Le jour il se contraint, la nuit, plus calme, il pense !
« La pensée est du moins un reste de bonheur.

« Que de fois, en pensant, le mal qui me déchire
« Me laisse respirer et s’éloigne de moi !…
« C’est toi !… Je t’ai revu !… Tes yeux vont me sourire…
« Je suis heureuse enfin lorsque je songe à toi !

« Mais toi, mon doux ami, dont mon âme abîmée
« Se plaît à me parler comme de son trésor,
« Je t’en prie, ah ! dis-moi, long-temps, long-temps encor,
« Te rappelleras-tu combien tu m’as aimée ?

« Si tu ne m’aimais plus, il me faudrait mourir !
« Non ! que jamais l’oubli n’efface mon image ;
« Ne m’ôte pas l’espoir quand lui seul me soulage,
« Mon ami ! j’ai besoin d’un bien long souvenir.

« Ah ! puissé-je bientôt, contre ton sein pressée,
« Ne plus m’en rapporter à d’incertains hasards,
« Sentir ma main brûlante à ta main enlacée,
« Et retrouver mon cœur dans un de tes regards ! »


(Septembre 1826.)