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génie ne s’envolât vers les cieux, avant que la plume échappât à sa main glacée, Élisa ne m’avait fait promettre sur le bord de sa tombe entr’ouverte, au nom du tendre souvenir qu’elle laisserait dans mon cœur, que si Dieu me condamnait à l’affreux malheur de vivre sans elle, de vivre pour sa mémoire, pour publier moi-même l’héritage que bientôt elle me laisserait, d’y ajouter, ce que l’on ne manquerait pas de me demander, et ce que seule je pouvais donner, quelques détails sur son enfance, sur ses travaux, ses habitudes et ses goûts, sur son amour pour sa mère, pour sa mère qui bientôt n’aurait plus d’enfant et que sa mort allait condamner à des pleurs éternels.

Il m’a donc fallu un serment aussi saint, un serment aussi sacré que celui que je fis à ma fille expirante, pour m’obliger à écrire des Mémoires sur sa vie ; car, outre ce que j’ai souffert en les traçant, je ne puis, quoi que je fasse, bannir de mon âme la crainte qu’y ont jetée quelques observations peu ménagées qui m’ont été faites [1]

  1. Lorsqu’on a su que je ne voulais confier à personne le soin de publier les œuvres de ma fille et que j’écrivais des Mémoires sur sa vie, tous les ressorts de la mystification ont été mis en jeu pour m’obliger à renoncer à mon projet de publication, comme