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tout l’essor à son génie… Quinze jours après, M. de Martignac n’était plus ministre… Élisa éprouva un grand chagrin de la retraite de son noble protecteur. Quoiqu’elle perdît dès lors tout espoir de voir représenter sa tragédie, cela ne l’empêcha pas cependant de mettre tous ses soins à la corriger. Enfin, une lueur d’espérance vint briller à ses yeux ; mais elle se dissipa bientôt. Elle avait sollicité et obtenu une lecture au Théâtre-Français ; sa pièce, qu’elle lut elle-même, fut acceptée à l’unanimité par les acteurs, et refusée par M. Taylor [1]. Là s’évanouirent tous les songes de gloire d’Élisa… Elle continua de travailler et travailla beaucoup, la nécessité l’y forçait ; mais elle travailla sans plaisir… Elle travailla bien, parce qu’elle avait du génie… Son Louis XI seul, sur lequel elle fonda des espérances, apporta quelque adoucissement à son chagrin, mais sans le guérir : il était devenu incurable… Elle tomba malade ; les médecins me déclarèrent que si je ne la menais passer toute la belle saison à la campagne, qu’elle était perdue ; il n’y avait point à hésiter. Effrayée des frais dans lesquels ce déplacement obligé allait nous entraîner, madame Récamier, toujours préoccupée de la fâcheuse

  1. Voir sa lecture après sa tragédie.