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Homme encor, mais sans tête, a pour royaume un trou
Et porte sa couronne à même sur le cou,
Pendant qu’à ses talons ce loup-cervier qui lape
Du sang est un héros et ce renard un pape !

Non moins affreux, ayant pour membres des serpents
Et d’impurs scorpions l’un sur l’autre rampants,
Les Avares, ployés vers des tables étroites,
Rangent soigneusement des cailloux dans des boîtes ;
Quelqu’un vient et leur dit : « Sciez ces troncs, hissez
Ces blocs ! » et, quand ils ont, esclaves harassés,
Scié les troncs, hissé les blocs, leurs mains avides
Pour unique salaire obtiennent des noix vides,
Et tous courent, furtifs et le regard sournois,
Enfouir dans des trous les coquilles de noix !
Plus bas, une rondeur se gonfle et se resserre :
Helminthes fourmillants d’un immonde viscère,
Là pullulent, heureux, les Amants de la Chair.
Puisque l’homme devient l’amour qui lui fut cher
Ils se sont incarnés dans leur sale espérance.
Fardés, les membres oints de suie et d’huile rance,
Décrépits, gracieux, d’un geste libertin
Retroussant des haillons de gaze et de satin,