Page:Mendès - Poésies, t2, 1892.djvu/149

Cette page n’a pas encore été corrigée

La gloire, la grandeur presque surnaturelle,
Le faste, elle eut l’orgueil de ces pourpres sur elle,
Et reçut, jeune front peut-être épouvanté,
Un diadème encor, la parfaite beauté.
L’homme se sent pâlir parfois sous la couronne,
La femme, non ; en vain la chute l’environne,
Son vertige a l’ivresse et n’a pas la douleur ;
Dans la main d’une femme un sceptre est une fleur.
Prends cette fleur ! disait le satan qui l’assiège ;
Mais, Dieu l’ayant élue, elle a connu le piège
Et de la terre sombre a détourné les yeux
Comme un rayon jaloux remonterait aux cieux.
Un roi l’aimait ; pensive, elle a conclu l’échange
De l’amour faux d’un roi pour l’amour vrai d’un ange ;
De moment en moment, vers l’Hymen immortel,
Comme un prêtre gravit les marches d’un autel,
Elle monte, pour guide ayant cette courrière
Qui prépare le lit nuptial, la Prière ;
Et, pendant qu’elle aspire à l’immuable Amour,
Le blanc septentrion est l’unique séjour
Auquel, blancheur aussi, son âme se résigne.
Le ciel aura cet ange, et la neige a ce cygne.