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De froides pesanteurs descendent des plafonds,
Et, miroirs blanchissants, des parois colossales
Cernent de marbre nu l’isolement des salles.
De loin en loin, et dans les dalles enchâssé,
Un bassin de porphyre au rebord verglacé
Courbe sa profondeur polie, où l’onde gèle ;
Le froid durcissement a poussé la margelle
Et le porphyre en plus d’un endroit est fendu ;
Un jet d’eau qui montait n’est pas redescendu,
Roseau de diamant dont la cime évasée
Suspend une immobile ombelle de rosée.
Dans la vasque pourtant, des fleurs, givre à demi,
Semblent les rêves frais du cristal endormi
Et sèment d’orbes blancs sa lucide surface,
Lotus de neige éclos sur un étang de glace,
Lys étranges, dans l’âme éveillant l’idéal
D’on ne sait quel printemps farouche et boréal !

Une vierge aux grands yeux ouverts sur le mystère
Habite avec ces fleurs dans le Nord solitaire.

Le suprême dessein qui règle les hasards
La fit naître du sang impérial des Tzars ;