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compassion peut en être tarie. Les faibles, les tarés, les vicieux ont besoin eux aussi d’être consolés. Nul, comme je l’ai dit, ne peut songer à le nier ; cependant une nécessité suprême s’impose : remettre le bien en honneur ! On ne peut assez insister sur ce fait, d’autant plus que nous allons être forcés de rendre compte de la société nouvelle à tous ceux qui ont sauvé la patrie par leurs sacrifices, leurs souffrances, leur sang. Dire à ces héros : « Vous savez ce que vous avez fait est magnifique, mais ce qui nous intéresse davantage ce sont les lâches, les escrocs, les voleurs, les prostituées, » est devenu moralement impossible. Ces hommes qui ont donné leur vie en des actes d’héroïsme continuels, ont le droit aujourd’hui d’absorber toute la sensibilité de la nation qu’ils ont sauvée. C’est à eux que nous nous devrons désormais, c’est-à-dire au culte des vertus qu’ils ont incarnées.

Comment oser leur avouer : « Les honneurs, les places, l’influence, les richesses, il est natu-