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resse la curiosité, provoque les pitiés morbides, tandis qu’une créature saine et forte est semblable à un livre aux pages pures dont la lecture ne sollicite pas les esprits habitués aux impressions violentes.

Une déviation de la sensibilité a été l’un des traits caractéristiques de la société d’avant la guerre. On s’attendrissait sur les prisonniers dont les lits n’étaient pas assez mous et l’on considérait sans le moindre intérêt le dénuement des honnêtes familles d’ouvriers ou de petits employés. Jamais on n’avait moins donné d’encouragement à la vertu, à la vaillance. Il y avait dans les esprits un besoin d’anormalité qui se manifestait dans les procès à gros scandale. Les plus affreux criminels excitaient d’inexplicables sympathies et l’on voyait des femmes souillées dans l’opinion publique recevoir de nombreuses demandes en mariage, ne provenant pas toujours d’hommes fous ou méprisés. Il y avait donc des êtres normaux, qui ambitionnaient de faire asseoir à leur foyer ces