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à ses membres gangrenés. C’est que ceux-là surtout ont besoin de secours, répondra-t-on ? Oui, évidemment, mais comme la plupart de ces cas sont inguérissables, y employer des forces vives, tandis qu’on laisse périr, faute de secours, les êtres robustes et sains, n’est-ce pas une grave erreur sociale ?

À un récent congrès où l’on parlait avec complaisance des pires manifestations des péchés féminins, et où les cœurs et les bourses s’ouvraient pour le relèvement de personnalités qui, la plupart du temps, ne désiraient nullement changer de vie, une femme courageuse se leva, demandant qu’un salut fût envoyé aux vaillantes filles du peuple qui, acceptant les privations, travaillent honnêtement à gagner leur pain quotidien et savent résister aux tentations dont elles sont assaillies tout comme leurs sœurs plus faibles ou moins résignées. L’assemblée n’osa pas refuser la requête, mais elle vota sans enthousiasme. Une fille qui a roulé dans toutes les boues frappe davantage l’imagination, inté-