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satirique dans laquelle il prenait spirituellement à partie la bienfaisance, telle que la société moderne l’a organisée. On y voyait les malfaiteurs, les femmes de mauvaise vie, les épileptiques, les ivrognes, les anormaux de tout genre, enfin tout le rebut humain, trouver des institutions pour chacune de leurs tares, prêtes à les recevoir, à les soutenir, à leur donner des chances pour un nouveau départ, tandis que devant l’honnête homme malheureux, sans casier judiciaire ou sans hérédité honteuse, aucune porte ne s’ouvrait.

Et si quelque cœur sensible s’attendrissait devant une pauvre femme implorante, il se refroidissait rapidement. « Si votre mari avait passé quelques mois en prison, on pourrait arranger l’affaire. Quoi, pas même cela ? N’avez-vous pas au moins quelque cas d’épilepsie ou de tuberculose parmi vos proches ? Il serait alors possible de vous venir en aide. » Devant la réponse négative, le bienfaiteur découragé et impatienté détournait la tête, et