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douleurs. Un ami me disait un jour : « Vous ne pouvez vous imaginer combien la lucidité est pénible ! Quand on ment je m’en aperçois toujours ; une petite contraction des narines ou du coin de l’œil suffit pour m’en avertir. Aussi quand je flaire un attentat à la vérité, j’évite de regarder mes amis. »

Le contact avec le mensonge lui causait presqu’une douleur physique, c’est pourquoi il avait connu peu de bonheur dans l’amour, bien que plusieurs femmes l’eussent aimé. De même en politique, ses débuts avaient été brillants, puis, tout à coup, il s’était retiré, opprimé sous le poids des mensonges qui alourdissaient l’air.

— C’est une lâcheté, lui disais-je, luttez, créez une opinion publique. Si les amants de la vérité l’abandonnent, elle sera écrasée, conspuée, mais si on lutte en sa faveur, son temple restera debout.

— Debout ? Mais s’il s’est déjà renversé ! D’ailleurs comment combattre les esprits faus-