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Quel ensemble tristement compliqué forme l’homme ! La surface est souvent correcte et admirable, puis comme dans une rivière où, après une inondation, on voit flotter sous les eaux claires des tas de choses mortes et innommables, débris pourris de tout genre, ainsi on découvre aux heures de crise, sous les apparences irréprochables des individus, les pensées équivoques, les calculs bas, les impostures devenues habituelles.

Si les êtres dépourvus de perspicacité méritent d’être plaints, car ils sont comme des enfants perdus dans la nuit, ceux, par contre, qui possèdent des clartés sont exposés à d’autres tristesses. Ils se rendent trop bien compte de ce qui se passe derrière le rideau, et quoiqu’ils se mettent parfois un bandeau sur les yeux pour ne pas perdre de chères illusions, des parcelles de vérité entrent dans leur cerveau et découragent leur cœur. Et lorsque les jours décisifs arrivent et que la fausseté des consciences se révèle, ils retrouvent gravés en eux-