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la tare de l’artifice. Pour plusieurs elle était devenue le gradin pouvant servir à leur ascension sociale ou politique. On a vu en ce genre de bien étonnantes comédies, et il a été plus d’une fois remarqué que les cœurs se fermaient en raison de leur apparente activité philanthropique. On me répondra qu’à force de voir des misères la sensibilité s’émousse, et l’objection a sa part de vérité, mais elle ne sert pas à expliquer entièrement le phénomène dont je parle. Il a sa source première dans le manque de vérité, car malheureusement ce n’est pas la chaleur de l’âme ni la tendre pitié pour le malheur qui ont poussé vers les œuvres sociales la plupart des gens qui s’en occupent : ils ont obéi à de tout autres mobiles, voilà pourquoi leur sensibilité se tarit si promptement.

Il est cependant juste de reconnaître que le contact continuel avec les fausses douleurs et les fausses misères peut refroidir et décourager les cœurs les plus compatissants. Tout ce qu’on