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porte l’abondance de la production ; ce qu’il faut regagner c’est la liberté du jugement et le sens de l’évaluation. Les mots : esprit, talent, valeur, étaient jetés à profusion sur ceux qui ne les méritaient pas. Les adjectifs se pressaient sur les lèvres et sous la plume avec une effrayante facilité. Le monde et la presse s’étaient faits complices l’un de l’autre pour encourager et prôner sans discernement les esprits dépourvus d’originalité, rampant au ras du sol et incapables d’envolée.

Dans toutes les branches de l’activité humaine : critique des œuvres intellectuelles, évaluation des valeurs sociales, distribution des places, le même phénomène se reproduisait. On donnait de l’importance à tous les éléments médiocres et bien peu s’occupaient de l’essentiel, c’est-à-dire si la personne prônée était capable d’écrire le livre, d’occuper la place, de soutenir des responsabilités. Les enseignes étaient tout, et nul ne se souciait de savoir si les magasins contenaient, derrière l’éta-