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vaient ce que leur conscience condamnait et dont leur intelligence saisissait le vide. Cette inexplicable complaisance a maintenu au pouvoir des hommes indignes de l’occuper, a laissé à des personnalités incapables l’administration d’instituts importants, a abandonné l’école aux mains des sectaires de toutes nuances, a permis à la politique de s’introduire dans l’enceinte sacrée de la charité.

Ces cœurs craintifs auraient plus aisément réagi contre le bien que contre le mal : le mal étant à la mode, il fallait le ménager. Le mot moral les faisait presque rougir de honte ; pour le faire passer, ils s’abaissaient à d’infinies circonlocutions, et, s’ils conseillaient un bon livre, ils s’empressaient d’ajouter : « Par bon, je ne veux pas dire moral. » Ces misérables subterfuges auraient été amusants si la lâcheté n’en avait été le motif.

Or, la peur sous toutes ses formes est une manifestation écœurante et c’est une tare à dénoncer ; hommes et femmes doivent com-