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singulières. La présomption s’étalait insolente, c’était à qui crierait le plus fort ses mérites et, se poussant du coude, essayerait de grimper aux places en vue. Tous les moyens semblaient légitimes pour arriver aux satisfactions vaniteuses, et les honnêtes gens, étonnés, déconcertés, écœurés, laissaient clamer les cabotins sans réagir ; quelques-uns même, plus faibles que les autres, se croyaient obligés d’applaudir pour se mettre à l’unisson.

Ce besoin d’être à l’unisson a-t-il fait commettre à nos contemporains assez de sottises et de lâchetés ! Il était pour une bonne part à la base des fautes que le monde a si chèrement payées. La grande tempête aura heureusement balayé ce peureux désir d’harmonie avec les compromis, les vanités et les convoitises qui gouvernaient le cœur des hommes dans ce commencement de siècle. Combien de gens à la vie droite, adorateurs secrets des choses belles et grandes, cachaient soigneusement l’autel qu’ils desservaient, et avec un sourire niais approu-