Page:Melegari - Le Livre de l'espérance, 1916.djvu/35

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tuerie, c’est que les aspirations pour lesquelles on combat dépassent de beaucoup ses finalités directes et apparentes.

Vouloir libérer le sol de la patrie, aider la cause de la liberté et de la justice, cela s’est fait et cela s’est vu ; mais être convaincu qu’on marche ensemble vers le but idéal d’une paix heureuse, après laquelle le besoin de mysticisme, qui travaille secrètement tant d’âmes, pourra enfin se satisfaire et où la vie spirituelle regagnera ses droits, voilà le caractère original et palpitant de cette féroce guerre, et jamais pareil exemple n’avait été donné au monde !

L’humanité entière est intéressée dans la lutte, même ceux qui n’ont pas pris encore ou ne prendront jamais les armes en main. La partie qui se joue, avant d’être territoriale ou économique, est morale et marquera une époque spéciale dans l’histoire de l’humanité. Il y aura désormais les principes d’avant ou d’après la guerre, l’idéal d’avant ou d’après la guerre, la façon d’évaluer d’avant ou d’après la guerre.