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faux et mensongers, et des foules se presser à l’entour. Leurs enseignes mêmes étaient inexactes ; la lâcheté s’appelait prudence, la vanité se cachait sous des titres pompeux, les appétits sensuels prenaient celui de droit à la vie, et ainsi de suite pour tous leurs succédanés. En certains pays, l’art d’empoisonner les esprits était désigné sous le nom de culture, la cruauté s’appelait force, la rapine devenait un apport de civilisation, les plus bas calculs habileté.

Ces attentats continuels contre la vérité, dont notre société se rendait coupable, avaient un double inconvénient. Ils n’éloignaient pas seulement l’âme de la lumière, ils empestaient l’atmosphère et la rendaient si opaque que nos yeux ne savaient plus discerner nettement ce qui se passait autour de nous. La réalité échappait, on voyait double ou en raccourci. Sans cet aveuglement singulier, les épou-