Page:Melegari - Le Livre de l'espérance, 1916.djvu/28

Cette page a été validée par deux contributeurs.

étaient autant d’accrocs faits à la vérité. Or, les petites déchirures répétées finissent par réduire l’étoffe la plus solide ; le manque de sincérité, pour bien intentionné qu’il soit, ressemble aux vermoulures dont on ne peut arrêter les dégâts. Le pratiquer est mal, en prendre son parti est pire.

Si l’on n’a pas la force d’être constamment en état de veille pour faire face à tous ses devoirs et si l’on manque du courage nécessaire pour porter la responsabilité de ses manquements, il faudrait au moins dans sa conscience avoir honte des moindres faussetés tacites ou parlées. Le jour où l’homme arrive à altérer la vérité sans en souffrir, le divorce s’accomplit entre elle et lui, et une grande lumière s’éteint dans son âme. Sans le culte de la vérité celui du vrai Dieu devient impossible, et il ne reste plus au cœur humain qu’à adorer de fausses divinités.

En effet, nous avons vu de tous côtés, en ces dernières années, des autels s’élever aux dieux