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la médisance et la calomnie de suivre leur cours : mais s’il s’agissait d’affirmer publiquement une opinion, les voix baissaient, les propos devenaient incertains et souvent sur les lèvres prudentes le blâme se changeait presque en éloge. Fatalement aux cœurs peureux le mensonge tacite ou parlé devient indispensable, et dans une société vaniteuse et craintive la vérité finissait par s’étioler et mourir. Comme une plante à laquelle manqueraient l’air, le soleil et l’eau, toute vitalité l’avait abandonnée. Si quelques-uns l’adoraient encore en secret, ils ne possédaient pas la force nécessaire pour en imposer le respect aux autres consciences.

En ces jours-là, il n’était pas facile de lui rester constamment fidèle ; les cœurs les plus vaillants avaient leurs heures de lâcheté et on les voyait pactiser indirectement avec le mensonge. Pour ne pas blesser, pour ne pas se créer d’ennemis, pour ne pas affliger autrui, ils couvraient leurs propres oublis et négligences de prétextes plausibles et gracieux qui