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minute couvrir de ses mains son visage meurtri et méprisé.

Cette ronde infernale de mensonges, outre que dans la vanité, trouvait sa base dans la peur. Comment être véridique quand on tremble toujours et que le courage d’affronter les responsabilités manque ? Or, hier, chacun était craintif. Les rares personnes qui exprimaient leurs idées sans réticences, même sur des sujets d’ordre général, éveillaient la stupéfaction et presque le blâme ! « Que de courage vous avez ! » disait-on à ceux qui parlaient ou écrivaient librement en manifestant leur pensée avec sincérité. Aussi le monde était-il devenu singulièrement ennuyeux, terne et banal.

Phénomène étrange à une époque comme la nôtre, dans les pays les plus libres, l’homme s’était lui-même reforgé des chaînes et il cachait soigneusement sa pensée comme aux époques de proscription. Cela n’empêchait pas