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évidence, de faire parler d’eux, de se hausser du col, le mensonge s’imposait comme l’une des meilleures armes de combat, d’abord pour s’attribuer des mérites qu’on n’avait pas, ensuite pour dénigrer ceux des autres. Ce que les gens essayaient de se vanter, de se donner de l’importance, de faire parade de leurs relations ! Cela aurait été drôle si ce n’eût été triste. On commençait à rester dans la vérité en racontant ses petits succès, puis on chargeait la dose, on enflait la voix, on mettait des pattes aux histoires pour les faire mieux marcher. De là à l’invention pure, le pas était vite franchi, et comme on le franchissait gaiement !

Les hommes, comme les femmes, excellaient à ce jeu : les premiers avec plus d’effronterie, les secondes avec plus d’adresse. Pas toutes cependant ; il y en avait de bien maladroites dans leurs mensonges vaniteux. Il ne s’agissait pas seulement d’artifices de paroles, d’attitudes, d’intentions ; paraître, semblait être devenu l’objectif de la vie, et la vérité devait à chaque