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ordinaire de la vie, accueillir les étrangers, correspondre avec eux, plaider en leur faveur ; c’est un cosmopolite qui ne perd pourtant jamais de vue les intérêts de l’État romain. S’il vivait de nos jours il aurait été un parfait ambassadeur, aussi à son aise à Paris qu’à Londres, Vienne ou Berlin, mais avec les yeux largement ouverts sur les intérêts de son pays. Aussi ne peut-on le comparer aux banquiers internationaux d’aujourd’hui qui tiennent parfois en main la destinée des États, mais pour lesquels l’argent n’a pas de patrie et qui, dépourvus de sentiment national, sont prêts à tous les compromis.

La conciliation que rêvait Cicéron entre les deux sentiments était basée sur quelque chose de plus noble que les seuls avantages matériels. Pour lui, la patrie venait après les dieux et avant la famille : l’humanitarisme n’était pas exclu, mais arrivait en dernier. En cas de conflit, écraser les adversaires vaincus ne présente pas pour l’orateur romain un acte cou-