Page:Melegari - Le Livre de l'espérance, 1916.djvu/247

Cette page a été validée par deux contributeurs.

lier désormais les deux sentiments de patrie et d’humanité, à moins que l’on ne se contente d’un humanitarisme national limité à certaines frontières.

Du reste, à toute époque, il y a eu conflit entre les deux sentiments. Chez les Grecs d’abord et ensuite chez les Romains. Les premiers se sont attachés successivement à l’un des deux. Nous voyons leurs hommes d’état considérer avant tout l’utilité nationale. « Dès qu’une action est utile à la patrie, il est beau de la faire, » affirme Agésilas, roi de Sparte, et Cléon déclare que les pires fléaux d’une domination sont la pitié et la douceur. D’autre part, les penseurs et les philosophes grecs font preuve d’un cosmopolitisme illimité qui ressemble étrangement à l’européanisme d’hier. Si les citoyens ne voulaient pas voir l’humanité, les moralistes allaient jusqu’à nier la cité. Les uns et les autres tombaient dans l’excès.

Les Romains eurent un sens plus juste des choses ; ils saisirent ce qu’il y avait d’également