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dulgence souriante passait outre et ne donnait pas plus d’importance aux accrocs faits à la vérité qu’aux petites grimaces qui défigurent certains jolis visages. Et ainsi, les natures faibles apprenaient à mentir sans scrupule de conscience et sans peur de l’opinion publique qui ne condamnait plus.

On avait coutume de dire : « Nous mentons tous, qui ne ment pas ? Que celui qui est sans péché jette le premier caillou ! » L’affirmation est outrancière, et d’abord, distinguons. Oui, certes, l’habitude d’altérer la vérité était devenue générale dans ces dernières années, cependant quelques hommes et quelques femmes continuaient à la respecter religieusement. Bien entendu, il ne faut pas appeler mensonges[1] ces formules acceptées de regret, d’estime, etc., qui ont cours dans le monde comme la menue monnaie de la politesse ; cependant quelques-uns se font encore mille scrupules à ce sujet et

  1. Voir dans Âmes Dormantes le chapitre : « Le culte de la Vérité. »