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dans un autre régiment quand ta blessure sera guérie, tu ne dois jamais oublier ta compagnie ! » Et il rappelait à son camarade subalterne mille souvenirs de leur vie commune et, comme quoi, un soir qu’il se sentait envahi de mélancolie, il lui avait demandé de recueillir son corps s’il tombait et de porter ses derniers adieux à sa mère. L’officier n’avait pas été atteint, c’est au contraire le soldat qui avait vu la mort de près. On sentait qu’entre ces deux hommes un lien s’était formé qu’aucune surprise de l’avenir ne pourrait détruire. Et le cas s’est répété des milliers de fois dans cette guerre abominable et sainte.

Les chefs d’usine qui auront pris part à la campagne, qui se seront battus à côté de leurs ouvriers, qui durant des mois auront partagé les mêmes souffrances, subi ensemble les épreuves de la vie de tranchées, ne traiteront plus leurs hommes comme jadis et ceux-ci, de leur côté, cesseront de voir dans le lieutenant et le capitaine qui les ont aidés, protégés, dont