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d’horreurs, la joie très douce de l’admiration. Je ne vois trop quel rôle ils pourront jouer dans la société de l’avenir, s’étant d’avance disqualifiés.

Un homme du monde, assez jeune encore, l’un de ces Européens errant d’un pays à l’autre, disait récemment à quelques-uns de ses contemporains réunis dans un pays neutre : « C’est tout un monde qui s’en va… et nous avec ! » Le propos est exact, et nous tous qui avons vécu dans cet ancien monde, tout en déplorant ses erreurs, nous en regretterons parfois les agréments. Mais ce regret est égoïste, un état bien meilleur est en train de se préparer pour l’humanité survivante, un état où les haines de classe auront perdu une partie de leur âpreté. Quand on aura traversé ensemble, dans l’étroite promiscuité des tranchées, des heures d’angoisse mutuelle, d’aide réciproque, quand on sera mort les uns dans les bras des autres en ces moments où l’homme se montre dans sa réalité, quand on aura vu tant d’actes d’héroïsme