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au point de vue intellectuel et moral — on flotterait constamment dans l’irréel — mais aussi au point de vue matériel et économique. Les échanges deviendraient impossibles ; toutes les relations de peuple à peuple, et même d’individu à individu, ne représenteraient plus qu’une possible trahison ou une possible bataille. Supprimez la vérité, et vous verrez les derniers vestiges de civilisation disparaître peu à peu, l’un après l’autre, des rapports humains.

C’est vers ce résultat que les hommes du XXe siècle marchaient inconsciemment. L’art de brouiller les cartes faisait partie des armes de défense socialement permises, et combien en usaient sans scrupule ! Personne n’était plus amoureux de la vérité ; pour beaucoup d’esprits elle était devenue synonyme de maladresse, presqu’un indice de pauvreté mentale. On disait bien encore : « Un tel est un menteur, une telle est une menteuse ! » avec un léger accent de blâme, mais ce fait reconnu ne créait pas le vide, n’excitait pas la répugnance ; l’in-