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tude a eu pour cause déterminante la peur sincère de ne pas voir leurs compatriotes à la hauteur de l’héroïsme qu’on leur demandait. C’est pourquoi dans la triste cohorte des coupeurs d’ailes il faut admettre que des esprits droits pussent s’être égarés.

Mais chez la plupart, c’est l’épouvante des sacrifices personnels qu’ils pourraient être forcés d’accomplir qui a prévalu ; cette crainte a étouffé dans leurs cœurs l’élan patriotique et obscurci dans leur intelligence la vue nette des événements et de leurs conséquences. Aussi serait-il injuste de les mesurer tous à la même aune.

Certes, le manque de foi dans son peuple est une mortelle offense pour ce peuple, mais la foi ne se commande pas et elle manquait à certains cœurs. L’intuition aussi faisait défaut, leur intelligence n’avait pas saisi la menace du « fléau dont il faut se défendre, afin que la vie haute ne périsse pas sur la terre[1]. » Même poli-

  1. Émile Verhaeren.