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parmi les plus optimistes, les plus confiants dans l’humanité, s’attendait à voir déboucher des héros à chaque coin de route ? On nous avait tellement répété que nous étions tous corrompus, tous égoïstes, tous incapables d’énergie et de sacrifices que nous avions fini par en être persuadés. Et si quelqu’un de nous croyait encore qu’en entendant résonner le tocsin, d’un bout de l’Europe à l’autre les peuples auraient répondu à l’appel, c’était « pour des raisons que la raison ne comprend pas. » La grande masse doutait, et ce doute lui donnait le frisson.

Les adversaires de la guerre, ceux qui par leurs déprimantes paroles ont essayé d’imposer la neutralité aux nations non directement attaquées, qui se sont permis de déplorer l’attitude héroïque de la Belgique, et dont le songe secret était de courber honteusement les têtes sous le joug de la force, ces gens-là n’ont pas tous obéi à des motifs inavouables, anti-patriotiques et intéressés. Chez plusieurs, cette atti-