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résignés d’avance au deuil, et le cœur si battant qu’elles formulent avec peine leur demande. Et toujours elles ajoutent : « Il était bon, si bon ! »

Lorsque tout espoir est perdu, elles pleurent, elles sanglotent, mais ne récriminent pas. Ce qui les exaspère, c’est de ne rien connaître de la tragédie qui leur a enlevé leur fils. Elles voudraient savoir comment le malheur est arrivé. « Oui, je sais, il fallait le donner à la patrie, mais de quelle façon est-il mort ? Je veux savoir comment je dois le pleurer. »

Quand on leur parle de gloire, un pâle sourire illumine leur visage ; il s’accentue chez les pères, ceux-ci s’exaltent plus facilement à certains mots, sentent davantage la fierté de la mort héroïque. Chez eux aussi l’angoisse a atténué la rudesse ordinaire des façons et dissipé les malsaines ivresses qui en faisaient des révoltés contre l’ordre social et les éloignaient du foyer.

Les liens relâchés se sont tout à coup resser-