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« Si vous saviez comme nous sommes devenus sensibles ! Quand nous recevons des lettres de la famille, c’est une joie, nous les lisons les uns aux autres et pleurons ensemble d’attendrissement. » L’enfant, la mère, ce sont les deux grandes cordes qui vibrent.

Une personne, dont la fonction, dans l’organisation actuelle des secours, consiste à accueillir les demandes des parents qui viennent demander des nouvelles, soit de leurs fils, soit de leurs maris qui se trouvent sur le front, me disait l’autre jour : « À l’attitude, au regard, je reconnais immédiatement les mères des épouses. La différence est frappante même quand l’âge est le même. » La femme qui vient s’enquérir de son mari, ajoute volontiers, pour donner plus de force à l’expression de ses inquiétudes ou de sa douleur : « Il m’apportait tant par jour ! » Jamais un mot semblable ne sort de la bouche des mères : leur émoi est trop intense pour laisser place à la préoccupation matérielle. Elles arrivent avec des regards éperdus d’angoisse ou