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siste sur ce point. Bien qu’elle essaye de proscrire les amitiés trop particulières, auxquelles les ordres religieux sont contraires en principe, tout en s’en servant dans la pratique, elle se rend compte que l’amour est le plus puissant des moyens éducatifs. « Commencez par vous en faire aimer, dit-elle, sans quoi vous ne réussirez jamais ! » Et s’adressant à la jeune abbesse de Gomerfontaine qui lui avait demandé des conseils, elle écrivait : « Si jeune que vous soyez, traitez-les en mère. »

La foi dans l’influence de la maternité était profondément ancrée dans cette grande éducatrice qui ne fut jamais mère, tout en éprouvant ce sentiment avec une extraordinaire intensité. Celle qui, selon St-Simon, se croyait « l’abbesse universelle de mille couvents, » n’obéissait pas simplement en s’occupant de la jeunesse à un instinct de domination, mais à un besoin réel de tendresse qu’elle n’avait jamais pu autrement satisfaire. Elle fut la première séculière à avoir l’instinct de cette maternité