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sceptiques ont prononcé le même appel. Sur les lits d’hôpital, dans les ambulances, c’est la mère, c’est la sœur que le blessé demande, l’épouse, l’enfant… Les autres amours semblent s’être enfoncées dans l’ombre, reculant devant les réalités cruelles, la mort frôlée de si près.

Le désir qui dévore ces soldats, l’aspiration de leur cœur, c’est de retrouver après la victoire — ils ne transigent pas sur ce point — les douceurs du toit familial, de remêler leur vie à celles des êtres dont ils se savent vraiment aimés. Tout le reste leur apparaît faux et passager. Ce besoin de vérité que l’excès du mensonge a fait naître dans leur conscience, les affections en bénéficient elles aussi. Leur plus haute valeur sera désormais la sincérité. Voilà pourquoi la famille a son heure de triomphe.

Bien entendu, par famille, j’entends celle qui mérite ce nom et n’est pas simplement une formule vide de contenu. Il y en a d’indignes qui ne comptent pas, et les malheu-