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qui semblent s’appliquer à nos deux armées. L’image de la maison, dit-elle, latente et fugitive dans le cœur du soldat au début de la campagne, surgit puissante dès la première bataille, dès le premier coup de fouet dans la chair. Quand il s’abat dans le sang, la course cassée net, l’intime et chère présence prend immédiatement possession de son âme. Leur premier cri, leur seul appel, jaillit des profondeurs ignorées de leur être, où vivait encore le petit enfant qu’ils furent un jour, la supplication unanime qui monte des champs de bataille, exhalée des corps étendus, elle est toujours la même, pareille à celle qu’ils jetaient dans leurs peines de gamins en face des périls imaginaires, le cri de suprême défense, l’imploration à celle qui ne fit jamais défaut : « Maman ! »

Les plus durs, les moins sensibles, ceux, peut-être, qui raillaient dans la vie normale ces affections traditionnelles, les traitant d’hypocrisie ou tout au moins de sentimentalité inutile, ont poussé le même cri, et leurs lèvres