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fiance réciproque[1] » que le sentiment de la famille est le plus robuste et le plus résistant. Si les lettres des soldats à leur famille ont fait connaître des âmes vibrantes, enthousiastes et résistantes, celles des mères sont d’une éloquence simple, révélatrice de sources ignorées de noblesse intime. Une paysanne italienne, écrivait à son fils blessé, après s’être apitoyée sur ses souffrances : « N’oublie pas cependant que tu dois être heureux d’avoir versé ton sang pour la patrie. » Et la lettre continuait, naïvement maternelle dans ses détails intimes. Le jeune homme pleurait en l’écoutant et celle qui lisait pleurait aussi. « Maman a soixante ans, disait-il avec fierté, et comme elle écrit bien ! »

Un autre, tout jeune, dix-neuf ans et demi, d’une apparence enfantine et très paysanne, auquel on apportait la nouvelle qu’il aurait quelques jours de congé à la fin de sa convalescence pour visiter sa famille, élargit tout à

  1. Paroles écrites sur la vie et l’intérieur de Charles Péguy.