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Flandres et de la France, dès le début de la campagne, quel était le cri qui sortait des lèvres des blessés et des mourants « Maman ! Maman[1] ! » Et ce même appel on l’avait entendu dans les plaines désertes de la Lybie lors de la guerre italo-turque, tellement, à l’heure de la détresse, l’homme le plus fort appellera d’instinct la femme qui enfant l’a bercé dans ses bras. De toutes les affections, c’est celle qui a sur son cœur l’emprise la plus forte. Il s’attendrit sur sa femme, sur ses enfants, les êtres que d’ordinaire il protège, mais il demande sa mère quand il a besoin de secours. En face de la mort, quand la souffrance déchire ses membres meurtris et endoloris, tout ce qu’on a magnifié du nom de passion se tait et le malheureux, qui sent la vie lui échapper, n’aspire qu’à l’étreinte des bras maternels.

Ce cri d’appel jaillit surtout des cœurs simples, de ceux qui ont connu réellement

  1. Si j’insiste sur ce point à plusieurs reprises, c’est qu’il caractérise la vie sentimentale de nos soldats latins.