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ces dernières années, j’ai constaté les symptômes de la maladie chez des personnes qui, autrefois, en paraissaient complètement indemnes. Peu à peu, on les voyait devenir sensibles à certaines petites vanités, renier leurs amitiés les plus sûres et reporter leur confiance et leur estime sur des êtres incapables, étroits et prétentieux. Leur jugement autrefois clair s’était soudain obscurci et elles recherchaient tout à coup les choses qu’elles avaient l’habitude de dédaigner.

Voir s’enfoncer dans le troupeau du snobisme des têtes qu’on avait connues fières et indépendantes, quelle tristesse et quel étonnement ! Les intellectuels subirent eux aussi, en tous pays, la contagion générale. Certains auraient mérité de suivre les routes solitaires et libres, mais l’habitude de l’indépendance morale leur faisait défaut et ils avaient des velléités vaniteuses. On peut dire que le snobisme a été pour quelques-uns la cause, et pour d’autres l’effet du manque de liberté intérieure.