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blées, des comités, des salons, partout où des êtres humains se rencontrent ou se mêlent.

En son particulier, chacun, il est vrai, démolissait le prochain, mais sauf dans quelques journaux outranciers, l’opinion publique restait muette ; le mot d’ordre était de ne jamais porter un coup droit, de biaiser sans cesse, de fermer les yeux aux injustices, aux impositions, aux turpitudes. À force de laisser le courant des mensonges suivre sa pente, les idées se brouillaient dans les cerveaux et, aucun contrôle ne s’exerçant sur les brouilleurs et brouilleuses de cartes, ils régnaient sans conteste, et nul n’osait se lever pour combattre les dictatures sociales et politiques.

Tel était à peu près, en plusieurs pays du moins, l’état général des esprits quand la foudre éclata imprévue sur ce troupeau de gens peureusement prudents et leur rendit la liberté de penser.

Tous n’en profitèrent pas, tellement sont tenaces les habitudes de l’esclavage et tellement