Page:Melegari - Le Livre de l'espérance, 1916.djvu/151

Cette page a été validée par deux contributeurs.

cercle où ils se mouvaient. J’ai constaté dans ces dernières années de bien singulières pusillanimités. Je parle des personnes ayant une situation à perdre ou à endommager ; les autres n’avaient pas les mêmes prudences. Aussi la conversation dans beaucoup de milieux était-elle devenue lamentablement terne et fade. Même dans l’intimité, on gardait ses derrières et presque personne n’osait émettre une opinion contraire au courant général. Si quelqu’un était assez hardi pour le faire, on le regardait froidement comme s’il avait péché contre le bon goût et les bonnes manières. La peur, une peur inexplicable, enchaînait les meilleurs esprits et cette peur encourageait les abus. Hommes et femmes pouvaient commettre les pires actions et se sentir assurés de l’impunité ; nul n’osait élever la voix ou faire entendre la moindre protestation.

Or, comme le grotesque se mêle toujours dans la vie aux plus sérieuses questions, je vis un jour une femme, à l’esprit vif et pratique,