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tuels, mais à ceux qui disposent de la richesse, et auxquels leur nom assure une influence. Si le miracle ne se fait pas, ce sera une irréparable faute. La tempête une fois passée, si les hommes recommencent à se placer sous l’ancien joug, à se hausser sur leur coffre-fort, à faire reluire au soleil tout ce qu’une fortune mal dépensée met en valeur, il faudra se résigner à retomber dans ce morne culte de la fortune et dans la tristesse de la course à l’argent.

Tristesse ? protestera-t-on, mais c’est le sel de la vie que cette ardente poursuite ! Si c’était vrai, pourquoi parmi les desservants de ces faux autels rencontrait-on si rarement des visages heureux ? Souvent ils possédaient la réalité du bonheur, mais leur âme n’était pas assez simple pour en jouir et ils n’avaient la liberté de choisir ni leurs amis ni leurs passe-temps. Le honteux snobisme est le pire ennemi de la simplification de l’existence : il perdrait de sa force si les cœurs se détachaient du factice et si de plus nobles chimères occupaient les esprits.