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sont tout de suite élevés à la hauteur des sacrifices que la patrie demandait. Quant aux soldats, ils sont partout admirables dans leur esprit d’endurance, je ne dirai pas de résignation, car leur attitude est au-dessus de la résignation. Pas une plainte ne sort de leurs lèvres ; ils acceptent les souffrances et la mutilation de leurs corps avec un stoïcisme grandiose. En passant devant eux, on a envie de dire aux civils : « Levez vos chapeaux, Messieurs. » Ces gens qui nous avaient irrités par leurs grèves continuelles, leurs réclamations incessantes, leur matérialisme outrancier et qui, par la bouche de leurs chefs, se déclaraient adversaires de toutes les formules qui avaient jusqu’ici guidé l’humanité, se montrent aujourd’hui désintéressés, obéissants, prêts à tous les sacrifices, avides d’idéal religieux. On se rend compte en les écoutant que les mauvais bergers parlaient en leur nom, mais n’avaient pas réussi à contaminer leur cœur. « On le savait bien, disent-ils, que le jour viendrait où les hommes