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elles n’en sauraient rien !… Je me demande comment elles faisaient pour en être si sûres.

Il leur aurait suffi d’un peu de renoncement ou même, parfois, d’un peu de prudence pour éviter la catastrophe. Mais le plus petit obstacle irritait les nerfs, et crac on sortait de la vie ! Dans les anciennes civilisations trop avancées, l’histoire nous raconte que le fait s’est produit souvent, et qu’à la fin de l’empire romain les suicides furent excessivement fréquents. C’est toujours un signe de décadence que ces désertions de la vie, que ce recul devant la douleur.

En cette société insouciante, qui s’acheminait vers la destruction, les vraies tragédies d’âme, les drames secrets devaient cependant naître, mais ceux qui avaient encore la force de sentir et de souffrir comprenaient qu’à l’heure actuelle ils devaient faire le silence. Personne n’aurait eu le temps de les entendre, le moment était uniquement à la poursuite de la jouissance. C’est sur ce monde assoiffé