Page:Melegari - Le Livre de l'espérance, 1916.djvu/102

Cette page a été validée par deux contributeurs.

longtemps compte de vos chagrins. Je ne parle pas du peuple, mais du monde. La tristesse y faisait horreur à la plupart des gens, l’idée de la contagion les épouvantait. Rongés eux-mêmes par quelque plaie secrète, ils en écartaient la vision et ne voulaient que rien la leur rappelât.

Cependant, comme je l’ai dit dans le précédent chapitre, il suffisait de quelque fait divers éclatant, où le sang avait coulé entre amants, époux, proches parents pour exciter l’imagination et les nerfs du public et le faire vibrer jusqu’aux larmes. Le factice éveillait des émotions morbides ; on pleurait au théâtre, mais dans la vie réelle on se refusait à la moindre souffrance.

Les nombreux suicides que la presse enregistrait chaque jour en sont la preuve. Des fillettes s’empoisonnaient pour une gronderie de leur mère, des garçons parce qu’ils avaient manqué leurs examens ou pour des choses encore de moindre importance. Sim-