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échos de sa fête eussent fini d’occuper la presse mondaine.

Sans arriver à cet excès d’insensibilité, la plupart des gens cherchaient à échapper aux étreintes de la douleur, essayant de lui interdire l’entrée des cœurs. C’était un complot général, dont la science et la philosophie se faisaient complices, et l’on peut affirmer que dans le monde moderne la douleur n’avait plus de place. Chacun devait constamment sourire, non pas comme les Japonais, chez lesquels le sourire représente une forme de stoïcisme devant le malheur, mais par légèreté et insouciance naturelles ou acquises, et aussi pour ne pas importuner une société qui s’acharnait à vouloir oublier la loi inéluctable de la douleur et de la mort.

Les souffrances morales n’excitaient presque aucune sympathie, les privations matérielles et les tortures physiques, seules éveillaient la compassion, et encore de façon très relative. Tant que l’on avait des rentes, personne ne tenait