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V

LE REFUS DE LA DOULEUR


Tandis que les fausses pitiés s’exerçaient sur des êtres indignes, un des traits caractéristiques de ce commencement de siècle était le refus de la douleur. Personne ne voulait plus souffrir. Partout on raccourcissait les deuils, bientôt on les aurait supprimés ! Et non seulement les crêpes s’abolissaient de plus en plus, mais on s’arrangeait de façon à étaler un peu partout ce qui en restait, élargissant sans cesse les limites de ce que les convenances permettent. Comme on ne pouvait supprimer la mort, on la dissimulait autant que possible, telle cette grande dame anglaise qui ayant lancé des invitations pour un bal, cacha le décès de sa mère, survenu à l’étranger, jusqu’à ce que les