Page:Meilhac et Halévy - Théâtre, VII.djvu/248

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

t’aime !… » Moi, qui savais ce que ça voulait dire, je lui disais : « Va-t’en !… » mais elle ne s’en allait pas… « Je t’aime, me répétait-elle, je t’aime !… » et elle se penchait vers moi… une mèche de ses cheveux me taquinait la joue, ses lèvres effleurèrent mes lèvres !… Alors, j’ouvris mon livre de caisse… (Tirant un grattoir de sa poche.) je saisis mon grattoir… et je grattai pour la première fois !… Voilà ce qui m’a perdu !… c’est que j’avais un cœur et un grattoir !… Toutes les fois que je voyais une femme, mon cœur battait, et, dès que le cœur battait, le grattoir grattait… et alors, de grattement en battement, et de battement en grattement… Ah !

COUPLETS
I
Ô mes amours ….ô mes maîtresses !…
Pour vivre à vos genoux,
Pour m’enivrer de vos caresses,
De vos baisers si doux,
Pour me faire dire : « Je t’aime ! »
Par des chien-chiens chéris,
J’ai donné mon argent… et même
L’argent de mon pays !
C’est un peu vif, mais,
Si c’était à refaire,
Je le referais…
Voilà mon caractère !
II
Hélas ! j’ai mangé la grenouille !
La cour des comptes va
Probablement me chanter pouille
Sous ce prétexte-là…
On va vérifier ma caisse,
On va tout découvrir,
Et je serai révoqué !... Qu’est-ce
Que je vais devenir ?
Ce sera dur… mais,
Si c’était à refaire,
Je le referais…
Voilà mon caractère !