10 LES ÉVANGILES.
Voilà, Messieurs, deux traits du rationalisme de l’époque de Semler. On expliquait de cette sorte nos Evangiles, l’Ancien Testament comme le Nouveau , en un mot la Bible tout entière. Ce système d’interprétation eut des échos en France. Plusieurs écrivains l’ont admis ; et nos introductions à l’étude de l’Ecriture sainte témoignent de la vogue de ces puérilités qu’elles réfutent. Il est inutile de faire remarquer, je pense, tout ce que ce système d’interprétation a d’arbitraire, de violent, disons le mot, d’impossible. On prétendait justifier la bonne foi des évangélistes, et on faisait de leur parole un mensonge perpétuel. Ces explications rationalistes, appliquées à tous les miracles, furent vite abandonnées. En Allemagne du moins, comme chez nous aujourd’hui, elles furent appliquées seulement à quelques faits. Alors revenait le problème non résolu : comment concilier la sincérité du Christ et des Apôtres avec le récit des miracles que la philosophie rationaliste voulait toujours repousser ? Nous sommes arrivés au moment de l’apparition de la plupart des systèmes qui depuis cinquante ans ont été tour à tour vantés, abandonnés et repris sous des noms et avec des modifications qui n’empêchent pas de les reconnaître. Le principe fondamental de ces systèmes est celui-ci : les quatre Evangiles, tels qu’ils nous sont parvenus, ne sont pas l’œuvre des Apôtres ni de leurs disciples immédiats. Nous ne possédons que des documents remaniés et rédigés à une époque déjà assez éloignée des événements pour permettre d’y introduire des faits légendaires, des cir-